La fête CHOL CHNAM THMAY DES KMERS

  La fête CHOL CHNAM THMAY DES KMERS

Originalité:
Dans le delta du Mékong, les traditions ancestrales de l'ethnie minoritaire khmère restent toujours vivaces. La fête Chôl Chnam Thmây, qui marque le passage à une nouvelle année, est sans conteste la plus importante d'entre elles. Les Khmers, l'une des 54 ethnies du Vietnam, comptent environ 1,3 million de personnes réparties principalement dans le delta du Mékong : provinces de Soc Trang, Vinh Long, Trà Vinh, Cân Tho, Kiên Giang et An Giang.

Depuis longtemps, les Khmers pratiquent la culture du riz inondé et sont de fidèles adeptes du bouddhisme Theravada (dit du "Petit Véhicule" ou "doctrine des Anciens"), une forme de bouddhisme que l'on retrouve aussi au Laos, en Thaïlande, au Myanmar et au Cambodge, et qui est différente du "Grand Véhicule" celle pratiquée dans les autres parties du Vietnam. Chaque hameau a sa propre pagode gérée par plusieurs bonzes vêtus de tuniques orangées éclatantes, qui constitue le centre des activités culturelles et des rites traditionnels.

Chez les Khmers, les fêtes et cérémonies sont nombreuses. Qu'elles se déroulent dans le phum (hameau), le srôc (village) ou la pagode, elles reflètent toujours les croyances religieuses et les rites traditionnels de cette ethnie. La fête Chôl Chnam Thmây (ou Têt traditionnel) est la plus grande et la plus importante d'entre elles, dans laquelle les deux facteurs "rite" et "cérémonie" s'associent étroitement l'un à l'autre.

Accueil du Nouvel An Accueil du Nouvel An
La fête Chôl Chnam Thmây, qui signifie en langue khmère " Entrée dans l'année nouvelle", se déroule chaque année du 13 au 15 avril du calendrier solaire (cela correspond aux trois premiers jours du premier mois du calendrier khmer). Selon la conception des Khmers, cette fête marque la transition entre la fin de la saison sèche et le début de celle des pluies. C'est aussi le temps où la végétation et la nature sont en pleine effervescence, le signal du commencement d'une nouvelle année de durs travaux champêtres

Depuis des temps immémoriaux, le Chôl Chnam Thmây est considéré comme le Têt traditionnel des Khmers, où se mêlent étroitement le culte de la culture du riz inondé et certains rites bouddhiques. La fête ne dure que 3 jours, mais les préparatifs débutent plusieurs mois auparavant. Quelques jours avant la fête, dans tous les villages et hameaux, l'atmosphère devient de plus en plus effervescente. Ceux qui gagnent leur vie ailleurs retournent auprès de leur cercle familial. Tous les foyers s'apprêtent à accueillir avec fébrilité et ferveur le Nouvel An.

On nettoie l'autel des ancêtres, on balaye la maison et on embellit les temples, le village, les chemins et les routes communales. Des banderoles de couleurs rouge, jaune et orange sont accrochées un peu partout dans les hameaux et les villages. On dépose cérémonieusement sur l'autel des ancêtres des friandises, des fleurs et des baguettes d'encens. On prépare, un ou deux jours avant la fête, différentes sortes de gâteaux, comme le banh tét (bûche de riz gluant farcie et cuite à la vapeur), le banh it (gâteau de riz farci de forme pyramidale), le banh gung (gâteau au gingembre), etc. Ils servent autant au culte qu'à apaiser la faim des nombreux convives...
Une fête ponctuée de rites traditionnels

Le Chôl Chnam Thmây dure trois jours et trois nuits. Un jour avant la fête, tout le monde afflue vers la pagode, en apportant des baguettes d'encens et des offrandes. On psalmodie des prières, on répand de l'eau parfumée pour saluer le départ de l'ancien Têvada (Génie du Ciel) et pour repousser les démons et les malchances de l'année passée.

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Durant le premier jour du Chôl Chnam Thmây, on rend visite à ses grands-parents, ses parents et ses proches, sans oublier de leur offrir des cadeaux, des fruits ou des friandises. C'est aussi le jour d'accueil du Nouvel An, qui se tient toujours à la pagode. On organise tout d'abord la cérémonie d'accueil du calendrier khmer (Mâhsoongkran). Chacun met le calendrier dans un plateau posé sur sa tête et fait trois tours autour du sanctuaire. Après, on entre dans la pagode, on récite des prières et on attend l'arrivée du Génie du Nouvel An. Les personnes âgées s'agenouillent auprès des bonzes qui leur récitent des prières et les enseignements du Bouddha (Dharma), le plus sûr moyen de commencer la nouvelle année sous les meilleurs auspices. Quant aux jeunes, le Chôl Chnam Thmây est surtout une bonne occasion de s'amuser en faisant du sport ou en participant à des jeux populaires, tir à la corde ou combat de coqs par exemple.

Le 2e jour est consacré à la cérémonie d'offrande du riz (petit-déjeuner et déjeuner) aux bonzes. Avant la prise des repas, les bonzes rendent grâce à la nourriture et à tout ce qui permet son existence, et en offrent ensuite aux morts. Les fidèles élèvent 9 buttes de sable ou de riz autour de la pagode, qui sont censées représenter l'univers. La neuvième, appelée sômeru, est située au centre du carré formé par les huit autres, c'est-à-dire "au cœur de la terre", et symbolise l'espérance de tout un chacun d'accéder à la richesse.

Durant le 3e jour, après avoir offert du riz aux bonzes, on baigne les bouddhas de la pagode avec de l'eau parfumée. Dans chaque foyer, ce rite est aussi appliqué envers les grand-parents et les parents qui ont droit à leur petite aspersion. Les Khmers pensent que le bain purge des impuretés de l'année passée et donne longévité et bonheur aux personnes âgées. Enfin, on invite les bonzes à se rendre dans les foyers ou devant les tombes pour mener des cérémonies censées garantir le salut des âmes. La fête Chôl Chnam Thmây se tient après une année de travail pénible et après les récoltes. Il s'agit d'une période où l'on se repose, s'amuse et où l'on commence les préparatifs pour une nouvelle année de labeur. Cette fête reflète la conception des Khmers sur le cycle du temps, dans lequel la saison des pluies constitue un véritable repère temporel. Mais la valeur la plus importante de la fête Chôl Chnam Thmây réside dans cette aspiration commune au bonheur et à une vie prospère. Elle éduque aussi chacun à la piété filiale et au respect envers les grands-parents, les parents et les défunts.